Journal de bord : en passant par les Vosges maternelles



Les journées précédentes m'ont apportées leur lot de moments forts et captivants... dont je commence à ressentir les effets. Ayant profité et même — je l'avoue — quelque peu abusé de mon temps de découverte la veille (pensez donc, je suis arrivé à Ampilly le Sec à vingt-trois heures...), ce n'est pas sans une certaine fatigue que je me réveille ce matin... au doux roucoulement des pigeons ! Je fais connaissance avec mes hôtes, et en particulier avec mon hôtesse — une bretonne originaire de Rennes — qui m'a concoctée un délicieux petit déjeuner. J'aurais bien apprécié d'en apprendre davantage sur la région, mais ayant pris du retard sur mon programme, je me dois de quitter Ampilly le Sec sans trop tarder — tout en promettant d'y revenir —, car la prochaine étape est tout de même à près de trois heures de route en direction de l'Alsace.

Au programme aujourd'hui, un passage quasi obligé par le village natal de ma défunte mère, et la visite d'un troisième château — le dernier de ce périple estival. Avant d'atteindre Begnécourt (c'est le nom du village natal de 164 habitants qui a vu naître ma défunte maman peu avant la Seconde Guerre Mondiale), je m'accorderais une petite pause rafraîchissante dira-t-on, car située à une dizaine de kilomètres de Contrexéville et de Vittel (88), deux villes notoirement réputées pour leurs vertus... désaltérantes ! Une heure plus tard, je m'arrêterai cette fois à Bainville-aux-Saules — à moins de deux kilomètres de Begnécourt — pour déjeuner au restaurant La Crémaillère, avant de m'offrir un temps de récueillement et de retour sur l'histoire, face à face avec un passé que je n'ai connu que par procuration. Qui sait si, au détour d'un champ ou d'une clairière, je n'imaginerais pas maman, toute petite fille de cinq ans, en train de garder les vaches, et prise tout à coup entre les tirs croisés des soldats allemands et alliés ! Elle passa là un mauvais quart d'heure, assurément traumatisant, dont le souvenir ne s'effaça jamais de sa mémoire. Après cette halte rétrospective, je repartirai en direction d'Epinal où je ne m'arrêterai que pour faire le plein de carburant, au centre commercial situé au nord-est de la ville.

Après quoi, je redémarrerai tranquillement pour Orschwiller, un petit village d'environ cinq cents habitants situé dans le Bas-Rhin (67), à une heure et demie de là, où j'ai prévu de visiter le réputé château du Haut-Koenigsbourg. Tout doucement, au rythme de la balade, le château — loti à plus de sept cents mètres d'altitude — n'étant accessible aux visiteurs que par un chemin de terre remontant en pente douce sur trois cents mètres. De plus, le circuit de visite comprend trois cents marches de hauteur et d'orientation différentes. C'est dire, si le soleil est de la partie — ce qui est à me souhaiter, n'est-ce pas —, qu'il faudra veiller à bien se désaltérer.
Le château du Haut-Koenigsbourg, restauré à l'initiative de Guillaume II, le dernier empereur allemand, me rappelle que l'Alsace fut pendant longtemps une région non française mais allemande. Des lors, en achevant ma visite et en quittant les lieux, c'est un peu comme si je franchissais déjà le Rhin — culturellement parlant. Toutefois, avant de vraiment passer la frontière — mon hôtel se trouvant en effet à Biederbach, dans le Baden-Württemberg, à une heure et demie de là —, je dois m'assurer de disposer de suffisamment de liquidités, les Allemands n'étant pas aussi accros à la carte bancaire que nous autres Français !

Découverte : le château du Haut-Koenigsbourg



Tout un symbole que ce château ! Symbole des rivalités qui opposèrent des siècles durant seigneurs, rois et empereurs des deux côtés du Rhin. Symbole de la Germanie moyenâgeuse, puis de la puissante Allemagne du Second Reich de Guillaume II. Symbole aujourd'hui — au même titre que les cigognes — d'une fort belle région, l'Alsace, sur la plaine de laquelle le château offre une vue absolument incomparable.

Le château du Haut Koenigsbourg Si le château du Haut-Koenigsbourg est actuellement un des monuments les plus visités de France — avec environ 550 000 visiteurs par an —, il le doit au formidable travail de restauration entrepris par l'empereur Guillaume II, qui confia le projet à l'architecte et archéologue berlinois Bodo Ebhardt. Ce dernier s'efforça — avec les maigres sources d'informations dont il disposait — de restituer le château tel qu'il devait ressembler au début du XVIIème siècle, à la veille de la Guerre de Trente Ans. Et c'est en mai 1908, au terme de sept années d'efforts méticuleux, que l'édifice put être inauguré sous la forme que nous lui connaissons de nos jours.

Juché sur un éperon rocheux dont il épouse les formes, le château du Haut-Koenigsbourg est l'exemple type de la forteresse médiévale, construite à un endroit stratégique pour répondre à deux objectifs : permettre à ses occupants un repli facile en cas d'attaque; et procurer un observatoire idéal des routes menant vers la Lorraine ou traversant l'Alsace. Réminiscence touristique de ces deux états, outre l'architecture extérieure de l'édifice, le sous-sol du château abrite une impressionnante collection d'objets défensifs comme des arbalètes, des épées ou encore des armures. Quant aux possibilités exceptionnelles d'observation, le circuit de visite offre — par beau temps — un panorama unique, non seulement sur la vaste plaine d'Alsace, mais aussi sur le massif des Vosges, sur la Forêt-Noire et parfois même sur les lointaines Alpes suisses ! Rien que pour le coup d'oeil, on s'autoriserait volontiers une petite grimpette jusqu'au sommet de la butte, ne pensez-vous pas ?

Itinéraire : Ampilly le Sec - Biederbach ( 370 kms - six heures de route )

A. Ampilly le Sec B. Begnécourt C. Epinal D. Orschwiller E. Biederbach