Journal de bord : flemmarder en direction du passé



En ouvrant les yeux ce matin, je suis tellement conscient d'avoir passé ma dernière nuit — la septième tout de même — en terre allemande, que je ne m'étonne même pas d'être envahi par quelques petits relents de flemmardise. Après tout, quoi de plus normal. Pensez donc : je suis arrivé à Schmallenberg la veille aux alentours de vingt et une heures et, en dépit de l'heure tardive, l'hôtelier s'est mis en quatre pour me concocter un repas sur le pouce comme on dirait chez nous, à savoir une belle assiettée... d'une coudée de diamètre... composée de pas moins de trois morceaux de viandes différentes... chacune étant assortie d'un accompagnement tout aussi différent — pommes de terre rissolées, pâtes et choucroute. Quand on vous dit que les Allemands — et leurs restaurateurs en particulier — ont un sens de la générosité à vous flanquer le mal de leur pays, il ne faut pas le croire... mais venir le constater par soi-même ! Après une semaine passée outre-Rhin, je ne vois pas comment on pourrait être déçu par ce qu'on y mange, à moins bien entendu d'être anorexique. Et je sais que ce matin encore, prendre le petit déjeuner — considéré ici comme un repas à part entière — va constituer pour moi un authentique moment de bonheur... à savourer tout en douceur cela va de soi.

Une fois encore, ce n'est qu'en milieu de matinée — oui, je sais, elles sont bien loin les bonnes résolutions du début — que je vais repartir en direction des Ardennes françaises. Et j'entends bien aujourd'hui refermer cette bien agréable parenthèse allemande de la manière avec laquelle je l'ai ouverte, c'est à dire en flânant. Et pour bien flâner, autant s'offrir un petit crochet de plus de quatre-vingts kilomètres au sud-ouest de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, au travers des massifs vallonnés — et passablement volcaniques — du Parc national de l'Eifel, où tout est fait pour préserver la nature à l'état le plus originel possible. Avant cela toutefois, mais toujours sur ce parcours-détour, il me faudra marquer un arrêt — ma passion de l'astronomie oblige — pour admirer le radiotélescope d'Effelsberg qui, rappelons-le, était jusqu'au début de ce troisième millénaire le plus imposant du monde. Après ces deux dernières excursions hors du temps au pays de Goethe, Wagner et... Derrick, une heure et demie de route devraient suffire à me ramener sur le sol français et atterrir à l'hôtel-restaurant Les Boucles de Meuse à Monthermé, dans les Ardennes (08), pour y goûter... une nuit de repos bien méritée !

Découverte : le radiotélescope d'Effelsberg



Le Radiotélescope d'Effelsberg Inauguré le 1er août 1972 après quatre années de construction, le radiotélescope d'Effelsberg était, jusqu'en 2000, le plus grand radiotélescope du monde, place qui lui a été ravie depuis cette date par le radiotélescope Robert C. Byrd de Green Bank, en Virginie Occidentale, aux Etats-Unis.
Planté au fond d'une vallée située à un kilomètre et demi du village d'Effelsberg, au sud-est de la ville de Bad Münstereifel, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ce radiotélescope est un petit chef d'oeuvre de précision technologique. Son impressionnant miroir parabolique de 100 mètres de diamètre, composé de 2352 éléments répartis sur une surface de 7854 m2, a été assemblé avec une marge de déformation de l'ordre du... demi-millimètre !
Véritable monstre de 3200 tonnes d'acier, confortablement assis sur un rail circulaire de soixante-quatre mètres de diamètre, il peut effectué un tour complet sur lui-même en douze minutes, ou encore incliner ou relever son miroir de près de 90 degrés en moins de six minutes. Cette exceptionnelle amplitude de mouvement offre aux astronomes et autres scientifiques du monde entier la possibilité d'explorer en profondeur tout le ciel étoilé situé au-dessus de la ligne d'horizon.
Le radiotélescope d'Effelsberg — couplé à d'autres infrastructures du même type disséminés de part le monde — est utilisé pour étudier des objets stellaires qui sortent du champ d'observation classique, tels des pulsars, des quasars, des trous noirs ou encore le noyau hyper-dense des galaxies. Il a également permis de détecter d'énormes formations de gaz ceinturant l'étoile supergéante Bételgeuse, d'explorer les champs magnétiques en action au sein de la Galaxie d'Andromède, et de mettre en évidence la production de molécules organiques — eau et monoxyde de carbone notamment — au coeur de la Nébuleuse d'Orion.

Parcours détente : le Parc national de l'Eifel




Situé en Allemagne, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, à la frontière des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxembourg, le Parc national de l'Eifel se trouve à quelques soixante-cinq kilomètres de Cologne et cinquante kilomètres d'Aix-la-Chapelle. Déclaré Parc national en janvier 2004, le Nationalpark Eifel — c'est son appelation allemande — s'étend sur une superficie d'environ 110 km2 au nord de l'Eifel, en moyenne montagne. Le paysage du parc est très différencié. Soixante-quinze pour cent de sa surface est occupé par des forêts. De grands blocs de feuillus — chênes et hêtres essentiellement — avec des vallées profondément entaillées caractérisent le nord du Parc; l'est, et particulièrement la forêt de Kermeter, est le royaume du pin; le sud, quant à lui, offre un paysage plus contrasté, marqué à la fois par des forêts de sapins, des cours d'eau et des prairies d'un jaune lumineux couvertes de narcisses sauvages au printemps.

Le Parc national de l'Eifel Le Parc national de l'Eifel est aussi un lieu privilégié pour la protection d'espèces animales et végétales rares, tant en Allemagne qu'en Europe. Neuf cents espèces déclarées menacées y prospèrent paisiblement. Au regard des animaux, le Parc est un site d'observation du renard roux, du chat sauvage d'Europe, du sanglier, du castor, du cerf élaphe ou commun, du chevreuil, ainsi que de nombreuses espèces de rapaces, telles le grand-duc d'Europe, la buse variable, le faucon crécerelle, le milan noir, le milan royal, le busard cendré ou encore le busard Saint Martin. Deux espèces aujourd'hui rarissimes se rencontrent au détour du Parc : la caille des blés et le dectique verrucivore — une espèce de sauterelle ainsi appelée parce que jadis on l'utilisait pour enlever les verrues. Côté végétaux, outre le narcisse sauvage, le jaune est particulièrement mis à l'honneur avec le genêt à balais — surnommé l'Or de l'Eifel — qui couvre une grande superficie de l'ancien camp militaire de Vogelsang, situé sur les hauteurs de Dreiborn. La rose colchique d'automne est aussi une particularité puisqu'elle fleurit ici en automne, en dehors de la saison habituelle.

Le Parc national de l'Eifel offre un cadre propice à la promenade, à la détente et à la découverte d'un cadre authentiquement naturel. Bien qu'il soit possible d'y flâner en toute liberté (en respectant tout de même les sentiers balisés), la direction du Parc propose aux visiteurs de nombreux programmes d'excursions — tant à pied qu'en calèche — et de randonnées commentées — dont certaines en français. Que du bon à savoir, ne pensez-vous pas ?

Itinéraire : Schmallenberg - Monthermé ( 486 kms - six heures et demie de route )

A. Schmallenberg B. Effelsberg C. Nationalparkforstamt Eifel D. Monthermé